Bienvenue sur le site francophone consacré à ce que les américains appellent love shyness, qu’on traduit en français par timidité amoureuse ou phobie amoureuse, tant les symptômes peuvent se rapprocher d’une phobie.
Qu’est-ce que c’est ?
Certains hommes hétérosexuels connaissent en situation de séduction une anxiété forte, suffisamment handicapante pour que cela les empêche d’établir une relation avec une personne du sexe opposé. Le mariage et la paternité leur sont donc généralement impossibles. Éprouvée dès l’adolescence, elle empêche l’apprentissage des comportements culturellement normaux de séduction, et enferme sa victime dans un cercle vicieux : quand bien même elle arriverait à surmonter son anxiété, elle ne parvient pas à décoder les informations non-verbales transmises lors de la séduction, ce qui ne fait qu’augmenter son anxiété.
Cette forme d’anxiété sociale, qui n’est comprise ni par la société ni par l’entourage, est particulièrement difficile à vivre, et l’isolement s’aggrave avec l’âge. Elle peut être concomitante à d’autres formes d’anxiété sociale (phobie sociale, trouble de la personnalité évitante), ou d’autres affections telles que la dépression et les idées suicidaires. Il est donc tout à fait nécessaire de la prendre au sérieux ; le psychologue Brian G. Gilmartin, un des premiers à avoir mené des recherches sur ce sujet, estime qu’elle touche 1,5 % des américains.
D’où ça vient ?
Le peu de recherches effectuées à ce propos ne permet pas de répondre de façon certaine. La phobie amoureuse se développe chez des hommes génétiquement ou biologiquement prédisposés (introversion et hypersensibilité semblent liées). Des facteurs environnementaux déclenchent la pathologie vers l’adolescence, en particulier le harcèlement scolaire, et diverses maltraitances parentales. L’absence d’adulte ou d’ami auprès de qui l’adolescent pourrait se confier, qui agirait comme un sorte de « soupape émotionnelle », semble aussi être un facteur important.
Une fois le cercle vicieux engagé, l’adolescent s’isole de plus en plus, afin de ne pas ressentir l’anxiété qui l’atteint, et évite tout autant la fréquentation d’autres garçons, qui pourraient le trouver bizarre, et/ou homosexuel, et le harceler. À l’âge adulte, la situation empire année après année, la société tolérant de moins en moins cet individu qui, décidément, n’y met pas du sien. L’isolement devient donc de plus en plus insoutenable, et peut déclencher d’autres pathologies comme la dépression.
Les femmes sont-elles également touchées ?
Les rares études qui ont été faites concernaient des hommes hétérosexuels. Il est probable que des situations similaires existent chez les hommes homosexuels et les femmes ; cependant, la phobie amoureuse a des conséquences bien plus graves pour les hommes hétérosexuels, car quoi qu’on en dise, dans notre modèle actuel de société, on s’attend à ce que l’homme prenne entièrement à sa charge le travail de séduction. Ceux qui en sont incapables sont donc totalement exclus des rapports homme/femme.
D’autre part, Gilmartin fait remarquer que les femmes célibataires arrivent malgré tout à trouver du soutien émotionnel auprès d’autres femmes (sœur, amies) ; les relations entre hommes sont habituellement beaucoup plus compétitives et ne permettent pas ce type d’interactions.
Comment guérir ?
En tant qu’anxiété sociale, la phobie amoureuse peut être amoindrie par les traitements habituellement efficaces contre celle-là. En particulier certaines classes d’anti-dépresseurs ont démontré un effet désinhibant qui peut être tout à fait intéressant. De même, les thérapies issues de la Programmation Neuro-Linguistique (PNL) peuvent être efficaces jusqu’à un certain point. Cependant, la nature très particulière des relations de séduction doit nous amener à tempérer ces derniers propos. Les phobies se traitent par exemple assez bien par la désensibilisation, c’est-à-dire par l’exposition progressive à la cause de la phobie. Un patient s’approchera à chaque séance de plus en plus de l’araignée qui lui fait peur, après avoir assimilé qu’il ne lui était rien arrivé, et que le danger n’était pas réel.
La séduction en revanche finit toujours par un rejet, si elle n’est pas parfaitement menée (et même quand elle est parfaitement menée). La répétition de l’événement phobique ne permet donc pas de s’en désensibiliser, et renforce au contraire l’anxiété et les sentiments auto-dévalorisants. D’autre part, la phobie amoureuse a empêché l’apprentissage à l’adolescence des comportements normaux de séduction : comment décoder les signes non-verbaux, quand et comment passer à l’étape suivante, sont des questions sans réponses qui augmentent l’anxiété du phobique.
Gilmartin a proposé à la fin des années 80 des thérapies spécialement ciblées pour la phobie amoureuse :
- Séduction à blanc (« practice dating ») : le patient s’entraîne aux relations de séduction avec une complice, dans un cadre médical ; il s’agit donc d’un environnement non anxiogène, et il lui est possible d’analyser ses erreurs et d’en tirer les leçons.
- Partenaires sexuelles de substitution (« sex surrogates ») : l’acte sexuel en lui-même revêt un fort potentiel anxiogène, et le recours à des assistantes paramédicales pouvant aller jusqu’à avoir des relations sexuelles, permettrait de faire baisser cette tension.
Dans la pratique, aucune thérapie à caractère médical n’est disponible en France pour la phobie amoureuse. Bien souvent, les hommes concernés ont le plus grand mal à faire admettre la réalité de leur trouble, et son caractère handicapant, à des thérapeutes qui ne connaissent pas cette maladie. On comprend donc aisément que leur entourage ne les comprenne pas non plus. Nos sociétés actuelles stigmatisent de plus en plus la sexualité masculine, et les personnes touchées par la phobie amoureuse ne recueillent que le mépris lorsqu’elles parlent de leur problème (« il n’a qu’à se réveiller ! »).
Certains auteurs (voir la section Bibliographie) recommandent l’utilisation de techniques particulières de PNL lors de réels essais de séduction afin de faire baisser le caractère anxiogène de la situation. Une prostituée suffisamment douce et compréhensive peut également servir de partenaire sexuelle de substitution. Malheureusement, en France, ce métier est en voie d’interdiction, et l’on devra se rabattre sur les pays limitrophes, par exemples les clubs « FKK » en Allemagne.
Pourquoi ce site ?
Ce site vise à remplir plusieurs fonctions :
- Permettre aux hommes francophones atteints de phobie amoureuse d’échanger au travers du forum, et de se rencontrer. Il est important de ne plus se sentir isolé.
- Informer les personnes concernées et leur entourage sur la maladie et ses traitements, en français.
- Relayer l’information auprès des médias, des thérapeutes, des politiques et des médias, afin que des mesures soient enfin prises pour intégrer les malades dans la société.
Nous ne vendons pas de livre, ne faisons pas de conférence, et ne proposons pas de traitement. Dans la rubrique Liens il est possible de trouver son bonheur.